
Billetterie
Le seigneur des porcheries
D’après le roman de Tristan Egolf
Une Création de La Compagnie en Eaux Troubles
du 8 au 18 mai 2025 à la MC93
La pièce
“Art should comfort the disturbed and disturb the comfortable”
Banksy
À Baker, patelin typique du monde occidental, une grève d’éboueurs tourne à l’émeute, entraînant la mort du meneur John Kaltenbrunner. Dix ans plus tard, en hommage au disparu, ses camarades envahissent la scène pour rétablir leur version de l’histoire : déployant un théâtre qui mélange élans poétiques, musique live, danse, pantomime, stand-up ou cabaret, et bousculant pour cette épopée tous les codes de la représentation.
Entre échappées délirantes et situations très crues, c’est l’aberrante marche du monde qui ressort de cet ardent happening, où le burlesque le dispute au tragique. En creux, un manifeste politique ayant pour protagonistes des laissés-pour-compte, broyés par un système asservi au capital et au mâle tout-puissant. Ils occupent le théâtre avec la volonté de rétablir leur point de vue, témoigner de leurs existences et de leurs blessures, interroger la fatalité historique de la violence, dans une alternative émancipatrice.
“La volonté de faire art est comme une manifestation de soi, comme un processus d’anti-violence. On prend la plume ou on prend une arme. »
Bernard Stiegler
Propos
Puis il était fait de grands magma d’étoiles qui bourdonnaient dans le vide intersidéral.
Puis de prairies vertes et de bosquets giboyeux, qui frémissaient de vie.
(Est ce un mythe ? Est-ce vrai ? C’était il y a si longtemps.)
Puis arriva un animal bipède.
(Etait-ce hier ? Était-ce il y a des millions d’années ?)
Arriva un animal étrange qui s’installa dans ces contrées.
Arriva dans ce qu’il appela ses contrées.
Et il les fit disparaître sous des monceaux de fatras, de déchets et de sédiments. Les fit tant et si bien disparaître, que tout cela ( les bosquets giboyeux, les rivières qui coulaient ) est bien lointain et bien improbable désormais.
Si loin et si improbable que l’idée même d’un monde vierge n’est plus qu’un mythe, une féérie déraisonnable.
(Un monde vierge ? Était-ce vrai ? Ou, ai-je rêvé ? Quand tout cela a-t-il commencé ?)
Le Big Bang, les rivières qui coulaient, ce n’est qu’un mythe.
Au commencement n’était pas le Big Bang, ni des terres inviolées.
Non.
Au commencement était le grand chaos du monde.
Au commencement était le grand tas de déchets, vestiges, ruines, fatras, sédiments, et vieilles idéologies,
et civilisations et temples écroulés,
et voitures abandonnées,
et objets trouvés,
et vieilles télés,
et squelettes démembrés,
et villes encombrées
que les hommes ont construits, vomis, jetés, années après années, et sur lesquels nous vivons encore.
Le grand tas.
Le grand fatras de bordel qui s’accumule et déborde et vomit de partout.
Et quand on vit, on ajoute des couches.
Et quand on creuse, on voit l’humanité en strates.
Nous vivons tout en haut de la grande décharge de notre humanité.
(Ce grand tas, cette montagne l’ai-je dégringolé ?)
Et le fatras de nos vies est aussi le fatras dans nos cœurs.
Encombrés, écrasés, embrumés, insomniaques et volcaniques..
(Qui est encore jeune dans un monde si vieux ?)
Au commencement était le grand chaos du monde.
Générique
Une création commune de la Compagnie en Eaux Troubles
Adaptation et mise en scène Paul Balagué
D’après Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf dans la traduction en langue française établie par Rémy Lambrechts © Editions Gallimard
Avec et par François Chary, Lucas Goetghebeur, Ghislain Decléty, Martin van Eeckhoudt, June van der Esch, Sandra Provasi, Damien Sobieraff
Lumière : Lila Meynard
Musique : Christophe Belletante, Sylvain Jacques, Grégoire Léauté
Costumes : Marie Vernhes avec l’aide de Zoé Lenglare
Régie générale et son : Théo Errichiello
Scénographie, régie plateau et construction : Mathieu Rouchon, Antoine Formica
Collaboration à l’écriture et à la mise en scène : Paul-Eloi Forget
Assistanat à la mise en scène : Pauline Legoëdec, avec l’aide spéciale d’Antoine Demière
Production : Agathe Perrault, Sarah Baranes (LA KABANE)
Production Cie en Eaux Troubles
Coproduction MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis
Avec le soutien du Théâtre L’Échangeur – Bagnolet, du Grand Parquet, de la SACD, du Théâtre du Fil de l’eau – Ville de Pantin et du Théâtre de l’Arsenal.
Merci à tous nos soutiens, et notamment la famille Balagué.
La Cie en Eaux Troubles fait partie du réseau Actée.
Paul Balagué est membre de LA KABANE – Maison d’artistes.